31 dic 2010

Feliz año 2011! / Bonne année 2011!

Érase una vez una niña feliz. Tenía madre, padre, cuatro hermanos, cuatro hermanas, dos abuelas y dos abuelos, y muchos tíos, tías, primos y primas, también amigos y amigas. Cuando tenía hambre por la tarde, al volver del colegio, iba a ver a su padre que era dueño del minimercado del pueblo, y decía: Papá, tengo hambre. Y su padre le decía: ¿Quieres un poco de queso? Y la niña respondía: ¿Es queso de plástico o queso de algodón? Y su padre le daba un trozo del mejor queso del mundo, que estaba muy fresquito, y muy contento. Era un queso todavía vivo, porque salía de la pequeña fábrica del pueblo de al lado y venía empaquetado en un tejido de algodón lleno de agujeros para que pudiera respirar. Cuando se lo comía la niña el queso decía: scouic, scouic. Decía scouic porque estaba contento de alimentar a la niña y a la niña le encantaba escuchar su queso. Olía bien, estaba buenísimo y, sobre todo, le hablaba. Porque cada vez que masticaba ella, el queso respondía: scouic, scouic. Con ella compartía su placer de estar vivo.



Il était une fois une fillette heureuse. La fillette était entourée d’une mère, d’un père, de quatre frères, quatre sœurs, de deux grands-mères et deux grands-pères, de plusieurs oncles, tantes, cousins et cousines, ainsi que de plusieurs amis. Quand elle avait faim, au retour de l’école, elle allait voir son père qui était propriétaire du dépanneur du village, et disait : Papa, j’ai faim. Et son père disait : Veux-tu un peu de fromage ? La fillette demandait alors : C’est du fromage de plastique ou du fromage de coton ? Et son père lui donnait un morceau du meilleur fromage au monde qui était bien frais et tout content. C’était un fromage encore vivant puisqu’il venait de la fromagerie du village d’à côté et qu’il était enveloppé dans un coton tout plein de trous pour qu’il puisse respirer. Quand la fillette mordait dans son fromage, celui-ci disait : scouic, scouic. Il disait scouic parce qu’il était content de nourrir la fillette et celle-ci adorait écouter son fromage qui sentait bon, qui était délicieux et surtout qui lui parlait. Chaque fois qu’elle mastiquait, le fromage répondait : scouic, scouic. C’était sa façon de partager avec elle son plaisir d’être vivant.

21 dic 2010

Wilfrid - grand-papa


Ce texte fait partie d'un recueuil de nouvelles intitulé Des hommes.

Grand-papa. Grand-père maternel. Le père de ma mère…
Tu as vu ma mère naître et aussitôt tu as dû t’en séparer. Grand-maman est morte quelques jours après avoir donné naissance à ma mère et tu as cru que ce poupon avait besoin d’une mère-substitut pour vivre et pour croître. Je ne me demanderai pas si tu as eu tort ou raison, je m’en tiendrai simplement aux faits. Tu as donc donné ton quatrième enfant en adoption. Tu n’aimais pas l’expression donner en adoption ; je te comprends. Il y a des moments dans la vie où il semble impossible de trouver les mots adéquats pour désigner des réalités si pleines d’émotions qu’on préférerait que les mots n’existent pas puisqu’ils semblent insuffisants, vides de sens.
Doublement déchiré, d’abord par la perte de ta femme, puis par celle de ta troisième fille. Je ne peux sûrement pas m’imaginer toute ta peine et ton tourment. Et toutes tes responsabilités, puisque tu restais tout de même avec trois enfants à ta charge. Il m’est difficile de me mettre dans ta peau. Peut-être parce que je préfère rester dans la mienne. Peut-être parce que je préfèrerais m’en tenir à l’absence plutôt que d’envisager la compassion.
En commençant cette lettre, j’avais surtout l’intention de te dire que, pour moi, tu as été un fantôme, une ombre qui plane quelque part, quelque chose d’absent et de présent tout à la fois. Oui, j’avais la ferme intention de te décrire cette ombre, cette absence, ce vide, ce malaise, qui étaient liés à ton nom… Pour que tu saches que, malgré tout, tu fais partie de ma vie. J’avais probablement la ferme intention de me placer dans le rôle de victime en quelque sorte et de te laisser savoir comment ton absence, à travers le corps de ma mère et plus tard à travers le mien, a miné ma vie.
Me souvenir de toi pour mieux t’accuser, pour donner une explication aux blessures maternelles, pour trouver un coupable à toute la souffrance qui court dans la famille…
Mais finalement, je m’en suis simplement tenu aux faits, et j’ai écrit : « Tu as vu ma mère naître et aussitôt tu as dû t’en séparer. Grand-maman est morte quelques jours après avoir donné naissance à ma mère et tu as cru que ce poupon avait besoin d’une mère-substitut pour vivre et pour croître. Doublement déchiré, d’abord par la perte de ta femme, puis par celle de ta troisième fille. »
Soudain, tu n’es plus un fantôme, une ombre qui plane, tu deviens un homme qui a eu un destin difficile, un homme qui a souffert, pleuré, ri, et qui a continué de vivre malgré la mort de sa femme et la perte de sa fille. Un homme qui a pris les décisions qui s’imposaient. Mon envie de t’inculper de la séparation de sa famille d’origine dont a souffert ma mère persiste... La séparation a dû être déchirante pour toi, comme elle l’a été pour ta fille. Comme elle l’a été pour nous, tes petits-enfants, qui, à travers notre mère, avons vécu cette séparation comme une exclusion de la famille. C’est pourquoi, à notre tour, nous t’avons exclu de notre cœur, te permettant de flotter tel un fantôme dans notre maison, mais sans jamais te donner une place dans notre cœur, sans jamais nous incliner devant toi, devant ton destin, sans jamais reconnaître que tu fais partie de notre vie.
Grand-papa, j’aurais aimé avoir toute une valise de souvenirs de toi, de nous, mais la vie a voulu que ces souvenirs n’existent pratiquement pas. Cependant, malgré le peu d’images, le peu de souvenirs que je possède, aujourd’hui, je m’incline devant toi et je te dis merci. Tu n’es pas le grand-père vivant et rieur dont je rêvais, mais tu es bien mon grand-père, celui qui m’a transmis la vie, l’amour pour la vie et pour les arts. Grand-papa, aujourd’hui, je quitte le voile de la colère et de l’accusation qui recouvrait mon amour pour toi et je te dis merci.
Prends ta petite-fille dans tes bras et donne-lui tous les baisers que ton cœur de grand-père contient, car je peux enfin les recevoir. Mon cœur de petite-fille t’embrasse et est enfin disposé à recevoir ta bénédiction, la bénédiction d’un grand-père qui désire ardemment que ses petits-enfants connaissent le bonheur et la prospérité.
Aujourd’hui, je cherchais peut-être encore un coupable à ma souffrance et aux souffrances des miens, cependant, j’ai rencontré un homme, avec ses propres blessures et son propre destin. J’ai rencontré un grand-père. J’ai rencontré mon grand-père. J’ai enfin rencontré et reconnu mon grand-père.
Grand-papa, je t’embrasse et je t’aime.

14 dic 2010

Desmontar o El peso




¿Quién se levanta primero —se preguntaba la niña—, el sol o mi padre?

Como a la niña le gustaba dormir más que vivir, nunca lo pudo averiguar. El hecho es que cuando se levantaba ella su padre siempre estaba en pie, ya trabajando desde hacía muchas horas. Su padre le decía que se había levantado antes que el sol; le decía que el porvenir pertenece a los que se levantan temprano, que los que duermen cuando el sol brilla son unos perezosos.

La niña no se percibía como perezosa porque sabía que no se trataba de pereza sino de peso. Había un peso sobre sus hombros que le impedía saltar de la cama e ir corriendo feliz hasta el césped para saludar al sol. Le daba pena que su padre no viese ese peso, porque si lo hubiera visto, seguro que se lo hubiera podido quitar.

La niña, como todas las niñas, veía a su padre como a un dios, un dios omnisapiente, omnipotente y perfecto. Jamás culpó a su padre por no ver el peso que tenía que aguantar ella y que le impedía correr y cantar por la casa. Incluso aceptaba que su padre la llamara perezosa y le echara la culpa del cansancio de su madre, que siempre estaba cansada. La niña, como todos los niños, aparte de que necesitaba a su padre para sobrevivir, adoraba su papá y estaba dispuesta a hacer cualquier cosa por él, incluso morir si fuera necesario. Por eso, nunca protestó cuando su padre le echaba encima la culpa de todo. Tomaba la culpa que le echaba y la ponía en sus hombros, encima de lo que ya llevaba. A veces el peso era tan grande que la niña no se podía levantar. Se quedaba en la cama hasta muy tarde, preguntando a Dios por qué le había regalado tanto peso a ella. Podía oír a sus vecinos jugando y riéndose en la calle y deseaba juntarse con ellos, pero no podía. El peso no la dejaba. Sus padres la necesitaban y decían que primero había que cumplir con las tareas de la casa y del negocio, que nunca se acababan. No había tiempo para jugar, sólo para trabajar.

No había tiempo para jugar, sólo para trabajar.

A la niña le tocaba parte del trabajo. Sin embargo, no se trataba de compartir las tareas. Se trataba de compartir una culpa heredada que lo hacía todo pesado porque algo no se había hecho bien y tenían que pagar todos. Ya nadie sabía qué era lo que se había hecho mal, sin embargo, todos estaban dispuestos a pagar, a llevar la culpa encima de sus hombros, a bajar la cabeza y a sufrir todos los días del año. La niña, como todos los niños, simplemente, hacía como sus padres: bajaba la cabeza y sufría todos los días del año.


Este texto forma parte de Viaje en blanco y azul 


7 dic 2010

Te amo


A pesar de mi ira

Te amo


A pesar de la ira

Que corre en tu familia

Y en la mía

Te amo


Cuando permito que tu sonrisa

Penetre mi cuerpo

Cuando dejo que tu luz

Llegue hasta mí

Soy feliz

Vuelvo a ser libre

Vuelvo a ser una chiquilla

Vuelvo a ser


Cuando me miras así

Sabes como te digo

Cuando me miras así

Puedo volver a bailar

Como si no hubiera nada más


Nada más bello

Que tu sonrisa

Y nuestro baile


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